Rue Ferrier 8-10
Logements
Logements
SITUATION / PROGRAMME
Exiguïté, sérénité. La petite rue Ferrier sent battre tout près d’elle le cœur de la ville. Coincée entre la gare Cornavin et la rue de Lausanne, à deux pas de toutes les commodités, elle offre pourtant les avantages d’une voie calme, préservée des grandes nuisances de la circulation, dans une ambiance résidentielle aux rares arcades commerciales.
C’est dans ce contexte qu’existe un bâtiment d’un niveau et demi, abritant depuis la première moitié du 20ème siècle des espaces de dépôt et des garages. Une galette qui couvrait à l’origine l’ensemble du terrain, jusqu’à la rue de Lausanne. Maintes fois transformée, amputée de moitié dans les années 1960 pour laisser place à un immeuble de bureaux et d’habitation, cette construction basse apparaît désormais comme une incongruité dans une Genève sclérosée par la crise du logement.
Adossée à l’immeuble mixte, longue de près de septante mètres et profonde de vingt, la bâtisse est loin d’être dénuée de potentiel. Après diverses études de faisabilité, se dégage le parti de maintenir les garages et de construire une surélévation de cinq niveaux dévolue au logement. Si l’idée paraît simple, la réalisation n’en sera pas moins une prouesse technique, puisque ni la structure ni même la trame de ces anciens dépôts ne sont compatibles avec les nécessités d’un tel projet.
PROJET
Légèreté oblige. Les contraintes statiques et l’environnement densément bâti poussent les architectes à trouver des réponses pragmatiques. La solution retenue est celle du système “Cofradal”, jusque-là pratiquement inédit à Genève. Cette combinaison de planchers mixtes en acier et béton apporte en effet de nombreux avantages à une opération de ce type : minceur (il convient de limiter les épaisseurs pour respecter les gabarits légaux), légèreté (trois fois moins lourd qu’une dalle traditionnelle), bonne performance thermique et phonique, résistance au feu. Les éléments préfabriqués sont ensuite assemblés avec aisance sur une ossature métallique.
Trente-deux logements se voient ainsi rapidement montés. Variée, l’offre propose de petits deux pièces jusqu’à de vastes cinq pièces. Les grands appartements sont traversant d’est en ouest; les plus petits sont mono-orientés sur la rue pour éviter le vis-à-vis du côté de la cour. Discrète, l’entrée de l’immeuble cache un hall spacieux et bien éclairé, ouvert sur 4,5 m. (ce qui correspond à la hauteur des garages existants). Le nouveau volume est compact, avec une expression générale plutôt retenue. La composition des façades permet une lecture claire des différents éléments qui, par ailleurs, se comptent sur les doigts d’une main (modules de fenêtres ou de portes-fenêtres, balcons).
La structure porteuse métallique se dissimule sous des plaques de fibro-ciment au calepinage parfait.
Une enveloppe à la finition beige clair qui signe la modernité du bâtiment et recouvre tout, jusqu’aux têtes de dalles des balcons. Seuls les percements en façade se démarquent de ce traitement, avec des garde-corps en tôle micro-perforée, des caissons de stores et des menuiseries en aluminium gris. Cette surélévation clairement contemporaine s’inscrit avec évidence dans un tissu bâti pourtant hétéroclite. Servant désormais de socle au nouvel immeuble, seuls les anciens garages apparaissent comme les témoins d’une Genève d’un autre temps.