Chemin du Passeur 3
Logements
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SITUATION / PROGRAMME
Discrétion insoupçonnée. Il est difficile d’imaginer qu’à moins de dix minutes de marche du gigantesque ensemble d’habitation du Lignon, se trouve un havre de paix encore épargné par le développement urbain. Situé sur la commune de Vernier et essentiellement loti à partir des années 1930, le village d’Aïre se caractérise par un tissu bâti fait de jolies maisons ouvrières ou de villas familiales sans prétention. Le maillage est dense et les rues étroites. Abrités derrière de hautes haies, les habitants jouissent en général d’un petit jardin aussi tranquille qu’impénétrable.
Longeant le chemin du Passeur, à mi-parcours entre la route d’Aïre et le chemin du Grand-Champ, une parcelle de 1’349 m2 attend de faire valoir son intéressant potentiel. Permettant désormais une densification à 0.44, le régime foncier en place (zone “villas”) sonne le glas pour la maison individuelle présente depuis quelques décennies sur le terrain.
PROJET
Garder la mesure. Le travail conjugué des architectes et du maître de l’ouvrage oriente le projet vers une formule plutôt atypique. Après la démolition de la construction existante, deux unités d’habitation s’accoleront, l’une prévue pour cinq appartements et l’autre pour une spacieuse villa familiale. L’ensemble se veut compact, ramené sous un même volume de toiture. Le faîte principal est parallèle au chemin et, avec un gabarit de R+1+combles, ce ne sont pas moins de 26 pièces habitables qui se voient ainsi proposées. Largement ouverte sur les jardins, l’élévation sud-ouest accueille de jolies pièces à vivre (cuisines et salons) avec des grands balcons à l’étage et de profondes terrasses aux combles. À l’opposé, les deux entrées abritent les circulations verticales. Traitées comme de véritables césures sur un double niveau, celles-ci limitent l’impact d’une façade longue de 24 mètres dans un paysage de villas aux proportions plutôt modestes. Les typologies rationnelles permettent d’amener un jour naturel dans presque toutes les pièces, y compris les espaces habituellement considérés comme secondaires.
L’expression est sobre, avec un nombre limité de types d’ouvertures et une composition simple. Le traitement général affiche une certaine modernité (garde-corps en verre plutôt qu’en serrurerie, stores au lieu de volets), mais reste adapté à l’environnement, avec des façades essentiellement enduites de crépi et une toiture couverte de tuiles en terre cuite. Désormais devenu courant, le système constructif abrite une structure en béton armé, une charpente en bois et une isolation périphérique. L’enveloppe étanche, les capteurs solaires thermiques et l’isolant efficace permettent de considérer l’ensemble comme une opération à haute performance énergétique. Le stationnement est extérieur et cantonné sur le devant du chemin. Sur l’autre versant, la privatisation des jardins assure le prolongement tranquille des espaces de jour situés au rez-de-chaussée. Ces habitations modernes plantées au milieu du discret chemin du Passeur montrent qu’une densification bien maîtrisée n’implique pas forcément une rupture d’échelle dans le paysage. Au profit des habitants ou des promeneurs du dimanche -les berges du Rhône sont à 250 mètres-, le site a gardé sa sereine identité.