Aile Est
Transports - parkings
Transports - parkings
HISTORIQUE /PROGRAMME
Le nouveau bâtiment «Aile Est » de Genève Aéroport remplace le pavillon gros porteurs, construit à titre provisoire en 1975. Il s’agit d’un bâtiment destiné à devenir le nouvel emblème de l’aéroport, tant du point de vue environnemental que pour l’accueil des passagers des vols moyen et long-courriers. Primé en février 2011 à l’issue d’un appel à candidatures (33 inscrits) et d’un mandat d’études parallèles (5 pools), ce projet d’envergure a été développé par le groupement RBI-T, composé du bureau d’architectes Rogers Stirk Harbour + Partners (RSHP Londres), de l’atelier d’architecture Jacques Bugna SA (Genève), du bureau d’ingénieurs civils et CVSE Ingérop Conseil et Ingénierie SAS (Paris) et du bureau d’ingénieurs civils T-Ingénierie SA (Genève), sociétés de grande renommée.
À titre d’exemple dans le domaine aéroportuaire, on peut notamment citer pour RSHP le Terminal 4 à Madrid Barajas (2004), le Terminal 5 à Londres Heathrow (2008) et le Terminal 1 à Lyon (2018). La réalisation de l’ouvrage a fait l’objet de quatre chantiers spécifiques, dont trois préliminaires entre 2012 et 2017, qui comprenaient notamment la déconstruction des bâtiments existants, l’adaptation des réseaux enterrés, le déplacement d’un séparateur à hydrocarbures, ainsi que la mise en tranchée couverte de la route douanière et la création de l’ensemble de l’infrastructure de la future «Aile Est».
PROJET
Le projet «Aile Est» se compose d’un volume en interface avec ceux existants, d’une jetée d’un seul tenant surélevée d’un étage, intégrant les guérites douanières, les zones d’attente assise et ses surfaces commerciales. La jetée comprend aussi des portes d’embarquement et de débarquement au contact avec les positions avions et un couloir des arrivées en mezzanine, qui accueille également sur une portion de sa longueur les salons des compagnies aériennes, un guichet de transfert et un contrôle douanier. À l’arrivée, le voyageur débarque de l’avion de plain-pied au 1er étage puis emprunte une circulation verticale entièrement vitrée: une «valve» permettant de gérer les flux qui le conduit au niveau de la mezzanine. Une succession de trottoirs roulants offrant une vue plongeante et imprenable sur l’activité tarmac, le massif du Jura et les zones d’attente, pour l’embarquement, l’accompagne au contrôle d’identité. Le poste frontière passé, celui-ci surplombe les passagers en partance et rejoint le hall des bagages au niveau -1 par des escaliers mécaniques en cascade, complétés par des ascenseurs. On l’a compris, c’est un parcours joyeux, baigné de lumière naturelle et de couleurs qui est proposé aujourd’hui aux voyageurs, celui-ci contrastant avec les nombreux cheminements à la lumière artificielle sans aucune vue sur l’extérieur dans les existants. On retrouve cette lumière, ces vues et cette ambiance chaleureuse également en partance. C’est à n’en pas douter, l’un des atouts majeurs du projet présenté par le groupement RBI-T.
CONCEPT ARCHITECTURAL
520 mètres de longueur, 20 mètres de largeur et 17 mètres de hauteur, telles sont les dimensions de ce somptueux vaisseau de métal et de verre qui s’inscrit dans la continuité du Terminal principal existant. Répondant de manière optimale aux contraintes liées à l’exiguïté du site, le nouveau bâtiment «Aile Est» est un parallélogramme extrudé, aux façades principales entièrement vitrées et inclinées à 26 degrés, semblant flotter au-dessus de la route de service située au niveau tarmac. L’inclinaison des façades préserve les distances et l’accès à la lumière naturelle des bâtiments voisins situés au Sud, dégage le volume dédié à la gestion des flux et au couloir des arrivées au niveau supérieur et, côté piste, crée une protection contre le rayonnement solaire direct en mettant la façade à l’ombre, évitant ainsi l’éblouissement des pilotes des avions accostant. Graham Stirk, Senior Partner RSHP et responsable du design de l’Aile Est, a souhaité minimiser le nombre de porteurs, afin d’accentuer le caractère aérien du bâtiment et maximiser la flexibilité de son aménagement intérieur. Ainsi libéré au maximum de tout élément structurel, le volume intérieur offre aux passagers une très grande transparence et cette vue plongeante et imprenable.
Au niveau supérieur, la mezzanine, ponctuée de passerelles, semble flotter dans le grand volume de la jetée. Afin de pouvoir respecter les normes internationales de l’aviation civile, de même que les normes suisses relatives aux constructions sans obstacles pour les personnes à mobilité réduite, les planchers de la jetée présentent une très légère pente longitudinale en direction de Lausanne épousant fidèlement celle du tarmac. Les éléments de service (escaliers de secours, groupes sanitaires et locaux techniques) sont positionnés à l’arrière, dans des noyaux situés en dehors du volume principal, permettant ainsi d’identifier clairement les espaces servis de ceux servants. Le déplacement et l’orientation des passagers dans un bâtiment aéroportuaire constitue un enjeu de taille. Une palette chromatique constituée de teintes vives et chaleureuses (bleu, vert, jaune, orange, rouge et aubergine) accompagne les passagers tout au long du cheminement dans l’Aile Est et marque, tous les 80 mètres, chaque position avions. On retrouve ces teintes au droit des plafonds froids acoustiques, des assises des sièges, des intérieurs vitrés des cabines d’ascenseur, sur la structure en acier des escaliers de secours et sur certains panneaux vitrés des façades des noyaux.
RÉALISATION
La structure porteuse de l’édifice est constituée d’un exosquelette métallique de 7 000 tonnes d’acier, comprenant des planchers réticulaires mixtes d’une portée de 20 x 20 mètres et de 135 pièces moulées de fonderie. Le volume intérieur est baigné de lumière naturelle grâce aux 20 000m2 de façades vitrées. Les matériaux choisis accentuent le sentiment de fluidité et de légèreté. L’ossature primaire est peinte en gris clair, alors que les éléments structurels secondaires sont de couleur anthracite. Les sols sont habillés de pierre naturelle (granit), les garde-corps et les parois verticales sont en verre. La palette des matériaux a été choisie pour sa durabilité, son faible entretien et pour servir d’écrin aux flux des passagers.
MESURES CONSERVATOIRES ET PARTICULIÈRES
Pour faire face à l’exiguïté des lieux, différents travaux ont été entrepris pour libérer le tarmac. Pour rappel, la route douanière permettant un accès direct au secteur français de l’aéroport depuis Ferney-Voltaire (F) a été enfouie et mise en exploitation en 2015. Parallèlement, une plateforme a été construite et réceptionnée à la même date, afin de créer une surface constructible supplémentaire, notamment pour un futur bâtiment, aujourd’hui en cours de construction et affecté à BLC (Baggage Logistic Center). Pour un tel ouvrage, les défis aéroportuaires sont également d’envergures. Le challenge principal a été de pouvoir garantir l’exploitation du Tribag (triage des bagages) ainsi que des positions avions ouvertes à moins de 5 mètres du chantier pendant toute la durée des travaux. Ceci a nécessité une coordination permanente avec des changements réguliers de positionnement des clôtures de chantier afin de maintenir l’activité aéroportuaire. Afin d’assurer ces modifications, HRS Real Estate SA a mené une étroite collaboration avec les services d’exploitation de Genève Aéroport.
CONCEPT ÉNERGÉTIQUE
Énergie positive. Le bâtiment vise à produire plus d’énergie qu’il ne devrait en consommer, en maximisant les énergies renouvelables sur site et en réduisant la demande grâce à des mesures de conception passive et à l’efficacité des systèmes actifs mis en œuvre. La qualité de l’enveloppe thermique du nouveau bâtiment «Aile Est» est garantie par une isolation performante notamment par le déploiement de façades à triple vitrage de très haute performance, assorties de protections solaires spécifiques en période estivale permettant de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel. L’électricité est produite par une installation solaire composée de 7 000 m2 de panneaux photovoltaïques en toiture. La récupération et l’utilisation de l’eau pluviale, ainsi que l’utilisation de pompes à chaleur à haut rendement, complètent le dispositif. Ces dernières produisent et stockent dans un premier temps l’énergie thermique de 110 sondes géothermiques d’une profondeur de près de 300 mètres et pourront se raccorder au futur réseau hydrothermique genevois GeniLac qui complètera la panoplie des sources d’énergies renouvelables à disposition.