Arcades des Arts

Tout y est : un symbole du patrimoine industriel local, de sévères façades néo-classiques, l’omniprésence douce et puissante de l’eau, une accessibilité commode et un emplacement au cœur même de la cité, entre les rives gauche et droite du Rhône. L’édifice construit en 1843 et constamment remanié au fil du temps se pose aujourd’hui encore comme une référence. Placé au milieu du Pont de la Machine, il témoigne d’une Genève industrieuse, fière de ses compétences, ancrée dans le passé et tournée vers l’avenir. Son histoire et sa situation en font le lieu idéal pour s’afficher comme une vitrine internationale des métiers d’art. Avisées, la Fondation de la Haute Horlogerie et la Fondation Michelangelo ne s’y sont pas trompées.

PROGRAMME / PROJET

Les deux Maîtres d’ouvrage entendent promouvoir un savoir-faire basé sur les valeurs traditionnelles et sur celles de l’innovation. L’idée est de favoriser la rencontre, afin que – dans un même lieu – tous les protagonistes expriment leurs besoins, conjuguent leurs expériences et valorisent leurs talents. Une transversalité qui, enfin, doit trouver son aboutissement dans la diffusion vers l’extérieur, depuis les professionnels locaux jusqu’au marché international. Essence même de l’opération, cette volonté se décline dans des options d’aménagement intérieur audacieuses. Les circulations sont aisées et les espaces fluides. Dans un cadre résolument contemporain, les traces du passé ressurgissent à travers une structure d’origine révélée et des matériaux bruts nettement assumés. La gamme chromatique offre des tonalités tantôt sombres (entrée du bâtiment) ou claires (atrium central), mais toujours délicates, en cohérence avec les volumes qu’elles habillent. Les matérialités se renouvellent. La pierre, le fer, le bois et les tissus souples s’harmonisent, liant les interventions neuves aux travaux de restauration pure.

Chacune des deux fondations à l’origine du projet occupe un niveau du bâtiment et chacun des niveaux distribue avec clarté ses bureaux, espaces collectifs, salles d’exposition ou de documentation, locaux techniques ou sanitaires. Les combles proposent une belle surface pour poursuivre son travail dans une ambiance moins formelle, ou simplement pour se détendre et discuter autour d’un café. Ouvert et baigné de lumière, cet endroit dévoile une étonnante charpente métallique triangulée. Avant cela, l’atrium central offre une généreuse spatialité au cœur de l’édifice.

Il accueille un escalier ancien, retravaillé et presque mis à nu dont la structure brute contraste élégamment avec un garde-corps en verre et une main courante en noyer. Le plaisir de la déambulation à travers les étages et les bureaux est évident, renforcé encore par la présence d’un gracieux ballet de méduses lumineuses flottant dans l’air. Les éléments contemporains se nourrissent ainsi de la revalorisation de la substance et de l’authenticité retrouvée des matériaux. Un contexte approprié pour accueillir certaines pièces d’un mobilier artisanal d’exception, témoin d’une virtuosité pratique désormais pleinement reconnue. Ce parti s’associe avec une attention soutenue pour les questions environnementales. Et si le bâtiment se voit raccordé à GeniLac – réseau thermique fonctionnant avec l’eau du Léman – c’est bien l’ensemble de l’intervention qui est pensée en termes d’économie de moyen. Entre les vénérables murs dépouillés et authentiques, c’est un retour bienvenu à l’essentiel qui s’est opéré.