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Bâtiments administratif et commerces
Bâtiments administratif et commerces
SITUATION / PROGRAMME
Force et puissance. Dessiné en 1963 par le trio Dom, Maurice et Parmelin, l’édifice frappe d’emblée par ses spécificités formelles. Grand quadrilatère (83 mètres de long, 71 de large et 18 de haut) cachant une cour intérieure arborisée, l’immeuble est conçu avec une enveloppe porteuse réalisée en préfabrication lourde.
Rare pour des bâtiments administratifs des Trente Glorieuses, cette option constructive détermine l’expression plastique des façades, les quatre étages courants se caractérisant par une structure épaisse et puissante. La trame régulière des fenêtres marque une verticalité dense, en contraste avec un rez-de-chaussée léger, rythmé par des piles porteuses disposées tous les cinq modules.
Imposant, le bâtiment ne profite pas pleinement du régime foncier en place. Au tournant du 21e siècle, des réflexions sont alors menées pour en valoriser les potentialités. Située sur la commune de Meyrin, la parcelle longe l’avenue Louis-Casaï à deux pas de l’aéroport de Cointrin et de l’autoroute A1. L’accessibilité à l’immeuble est aisée, même en transports publics. Disparate, le tissu bâti proche se compose d’édifices analogues, de villas familiales et de l’immense complexe résidentiel des Avanchets. Alors que les bases légales permettent d’envisager l’ajout de deux niveaux, le bureau d’architectes mandataire s’interroge: surélever, d’accord; mais comment?
PROJET
Finesse et subtilité. Parallèlement aux diverses études de faisabilité, le nouveau mandataire consulte François Maurice, un des architectes à l’origine de la réalisation. Les échanges fructueux contribuent à saisir la genèse du bâtiment. Des options constructives et architecturales sont définies, en vue d’une surélévation respectueuse et intelligente.
Inattendu pour un bâtiment marqué par le mouvement moderne, le choix se porte sur l’affirmation d’un réel couronnement. Contrastant avec l’existant, l’intervention se veut à la fois légère, transparente et horizontale. Aussi tranché soit-il avec le projet des années 1960, cet audacieux parti n’entend toutefois pas se démarquer de l’ordonnancement initial: les deux niveaux supplémentaires reprennent les trames existantes, faisant filer les mêmes modules depuis le rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage.
Courant sur le pourtour du volume et se retournant jusqu’à l’intérieur du patio, ce traitement offre une lecture claire et franche de l’histoire du bâtiment. La finesse de la structure métallique et les élégants brise-soleils au profil d’aile d’avion achèvent de donner à cette surélévation son expression contemporaine. En même temps, la réinterprétation du rythme des façades anciennes ainsi qu’une certaine neutralité de mise en œuvre (teintes et finition sobres) témoignent de la loyauté et de l’attachement portés au bâtiment d’origine. Livrées presque brutes, les surfaces intérieures sont aménageables au gré du preneur. Les noyaux abritant les sanitaires et les circulations verticales prolongent les éléments du même type situés aux étages inférieurs.
Opération délicate due notamment à la pré-sence de diverses sociétés actives dans l’immeuble pendant le chantier, cette surélévation a impliqué une coordination pointue entre ingénieurs spécialisés et entreprises. Les architectes ont quant à eux œuvré entre histoire du lieu et prospective. Une approche subtile qui a permis de réinventer le bâtiment, de l’ancrer dans son passé et de le tourner résolument vers l’avenir.