Rue de Lyon 75

Logements

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Rue de Lyon 75, Genève

HISTORIQUE / SITUATION

Planté droit sur la place des Charmilles, cet immeuble au gabarit imposant et à la mine sévère s’inscrit en cohérence avec l’histoire urbaine de Genève. Situé sur un axe important, l’édifice remplace une tour plus modeste réalisée en 1960 par Arthur Lozeron et Marc Mozer. Porté par la vague moderniste, le duo d’architectes proposait un bâtiment administratif fonctionnel et spartiate, dominant ce carrefour stratégique, point nodal pour accéder à l’aéroport ou à la zone industrielle de Vernier-Satigny.

Deux générations plus tard, l’immeuble révèle ses faiblesses. Des problèmes thermiques et phoniques, des défaillances structurelles et la nécessité d’innombrables mises aux normes scellent alors son destin. Une demande de démolition est ainsi déposée en 2011 et une requête pour la construction d’un bâtiment neuf se voit proposée directement dans la foulée.

PROGRAMME

L’héritage de Lozeron et Mozer se lit dans un gabarit conséquent et la volonté d’occuper le site avec force. Le nouveau projet offre alors un programme mixte, avec une morphologie caractérisée par un volume cassé: sept étages sur l’arrière pour se raccorder aux constructions voisines et quatorze étages sur l’avant pour marquer la place des Charmilles.

Les logements se situent essentiellement dans la partie haute, entre le septième et le quatorzième étage. Des espaces de bureaux occupent les niveaux inférieurs, juste au-dessus d’un rez-de-chaussée dévolu aux commerces. Trois sous-sols mettent à disposition des espaces de stockage, des locaux techniques et vingt-trois places de stationnement accessibles par silo automatique.

PROJET

L’implantation de l’édifice se plie et s’articule en fonction du tracé routier qui l’enserre. Bien que la masse soit imposante (plus de cinquante mètres pour la longueur déployée des façades sur rues), l’ensemble des espaces se trouve distribué par seulement deux entrées distinctes. Une option qui révèle une utilisation habile du terrain et permet la création d’un passage traversant, reliant la rue de Lyon et l’avenue d’Aïre.

Avec ses quatre façades tournant autour d’un plan orthogonal pur, le volume émergeant abrite en majorité des appartements de trois et quatre pièces, bénéficiant tous d’une double orientation et d’une loggia d’angle. Rythmées par une trame rigoureusement tenue, les distributions sont rationnelles avec des pièces largement baignées de lumière naturelle.

Aux étages inférieurs, les surfaces de bureaux s’étendent en « open-space » fluides, rayonnant autour de distributions verticales, de locaux de service ou de noyaux sanitaires logés au centre du volume bâti. Partout, l’agréable ambiance intérieure s’impose par la présence d’une gamme de matériaux sobre, mise en œuvre avec soin dans des tonalités douces.

Sous une structure porteuse en béton armé, l’enveloppe se compose d’éléments préfabriqués teintés et de menuiseries à triple vitrage. Avec une isolation thermique performante et des capteurs solaires posés en toiture, l’immeuble atteint ainsi les standards de la labellisation «THPE».

Couplé à l’implacable rigueur de la trame qui compose les façades depuis le rez-de-chaussée jusqu’au dernier étage, l’audace d’un choix chromatique sombre offre à l’immeuble l’expression d’une majesté grave, en accord avec sa position stratégique. Dans un contexte bâti hétérogène et largement déqualifié au fil du temps, ce vocabulaire épuré de tout artifice anecdotique marque désormais l’identité du site avec une puissante simplicité.