Philip Morris International Rhodanie Campus
Bâtiments administratif et commerces
Bâtiments administratif et commerces
HISTORIQUE
Groupement de locaux disséminés à Lausanne et installation du centre d’opérations de la Société pour les activités dans le domaine du tabac. Philip Morris International est depuis de nombreuses années implantée à Lausanne, sur plusieurs sites, entre autres au chemin du Liseron, à l'avenue de Brillancourt et à l'avenue de Cour.
En juin 2002, ayant pu acquérir un bâtiment administratif existant à l'avenue de Rhodanie 50, soit au bas de sa propriété de l'avenue de Cour, la Société a décidé de regrouper l'ensemble de ses bureaux Lausannois sur le site ainsi unifié et d'y installer son centre d’opérations.
Le projet se développe sur deux Plans Partiels d'Affectation, et en conséquence, l'établissement d'un addenda à ces PPA s'est révélé nécessaire pour les relier entre eux.
Le Maître de l'ouvrage a déclenché les études nécessaires en automne 2002, en engageant un pool de mandataires pour développer les études et la planification du projet Cour Campus, avec pour objectif d'entamer la réalisation du projet courant 2004.
Les études ont abouti, en automne 2003, à un appel d'offres d'entreprises générales et l'adjudication est intervenue en mars 2004 pour un chantier à exécuter en 32 mois, soit dans un délai très court, eu égard à l'importance de l'ouvrage.
SITUATION / IMPLANTATION
Plus de vingt mètres de dénivellation entre haut et bas du site d'implantation. Le site réservé au regroupement des activités de PMI à Lausanne se développe sur une parcelle de plus de 200 mètres par 100, entre l'avenue de Cour, à l'amont, et l'avenue de Rhodanie, à l'aval.
A l'entrée sud ouest de la Ville et à proximité immédiate du Léman et des zones de sport et détente qui bordent le rivage, cette implantation prestigieuse intervient dans une pente fortement marquée, ouverte au sud sur le paysage du Léman et des Alpes de Savoie. Le terrain était initialement limité à l'est et à l'ouest par une végétation importante, fruit de l'arborisation des parcelles de villas avoisinantes, à compenser après réalisation selon les termes de l'autorisation de construire.
Avec le rachat de la parcelle et du bâtiment administratif existant sur l'avenue de Rhodanie, le site est découpé en trois parties. La parcelle du haut est réservée à l'extension des édifices de l'avenue de Cour et elle a permis de construire un bâtiment d'importance, soit quelques 23'000 m2 de surface de planchers brute (selon ORL), sur la base du plan d'affectation qui règle notamment les gabarits maximum possibles.
La parcelle du bas, sur l'avenue de Rhodanie, est entièrement occupée par l'ancien bâtiment qui est conservé. Le concept d'implantation s'inscrit dans les données du site: en effet, le nouvel édifice prend possession de la pente le long de laquelle il se développe et dans laquelle s'étagent les émergences de différents volumes, parallèles entre eux. Ces volumes, relativement étroits pour offrir le maximum de surface de façades, accueillent les espaces de bureaux sur cinq à six niveaux.
Un grand volume linéaire fait office de connexion: installé perpendiculairement à la pente pour lier entre eux les espaces des bureaux, il permet de connecter l'amont à l'aval de la parcelle en rattrapant une différence d'altitude de plus de 20 mètres. Une série de cours-patios rythme l'ensemble et augmente les possibilités de pénétration de la lumière naturelle dans la pente. L'entrée du parking s'effectue depuis un nouveau giratoire créé sur l'avenue de Rhodanie. L'entrée principale piétonne se situe également sur celle-ci, mais l'accès existant depuis l'avenue de à Cour est par ailleurs maintenu.Le bâtiment de liaison offre une grande qualité d'espaces, grâce à une série de doubles ou triples volumes qui bénéficient de la lumière zénithale naturelle. Cet espace organise les distributions horizontales par un jeu de coursives, les distributions verticales étant assurées par des escalators et des ascenseurs. En même temps, il constitue un lieu central d'échanges, de rencontres et de lien social, les activités de réunion et les activités connexes aux tâches ordinaires des utilisateurs y étant organisées.
PROGRAMME
Contributions d'envergure à la protection de l'environnement et aux économies d'énergies. Le programme de l'opération se caractérise par une grande diversité d'interventions, assez peu couramment présente sur un même site: il comprend le développement de quatre constructions, des travaux d'adaptation et d'extension sur des bâtiments existants, d'importantes mise en oeuvres dans le domaine de la
rénovation lourde, ainsi que de notables travaux de génie civil, en particulier pour le lancement d'une conduite de pompage et de restitution des eaux dans le lac, sur plus de 800 mètres.
L'ensemble des volumes présents sur le site est ainsi soumis aux mêmes normes et les bâtiments s'inscrivent dans une unité de conception
aisément lisible. La modularité des locaux est privilégiée, de telle sorte que la souplesse d'adaptation de l'ensemble soit assurée en tout temps. Ainsi, les espaces de travail sont organisés sur le plan spatial à partir du "bureau type". Il s'agit d'une unité de 20 m2 environ qui
accueille un à deux postes de travail.
Par addition de deux ou trois unités de travail, on peut aboutir à un bureau de type open space comprenant jusqu'à douze postes de travail.Le bureau type, doté de revêtements texturés de qualité et paré de couleurs chaleureuses, est muni d'une large façade vitrée dont un élément est ouvrant. Les espaces de travail comprennent également les salles de conférences et des surfaces réservées à l'accueil des visiteurs, en majeure partie au bénéfice de la lumière naturelle.
Au-delà des efforts déployés pour l'intégration des constructions dans le site par limitation des emprises en hauteur et absence de superstructures techniques, une intention particulière était inscrite comme objectif majeur du Maître de l'ouvrage: il s'agissait de construire en tenant compte des multiples aspects environnementaux et notamment, de limiter les dépenses énergétiques occasionnées par ce centre administratif destiné à l'accueil de quelques 1'500 personnes, dans 160'000 m3 SIA, représentant 45'000 m2 de surfaces administratives.
S'ajoute à ce programme un garage souterrain de 700 places, l'ensemble constituant l'un des plus importants projets privés jamais construit à
Lausanne. Pour satisfaire aux ambitieux objectifs ainsi fixés, les options suivantes figurent également au programme:
• Trois pompes à chaleur de 500 kW chacune, alimentées par l'eau du lac.
• Une installation de couplage chaleur-force de 225 kW thermiques.
• Deux chaudières à gaz de 700 kW chacune pour l'appoint.
• Installation de ventilation double-flux d'un débit total de 250'000 m3/h avec récupération de chaleur pour les salles de conférence et les bureaux.
• Ventilation du parking avec système de désenfumage.
• Installation d'extinction automatique (sprinkler) dans la totalité des locaux, y compris dans les bureaux et le parking.
• Installations sanitaires des cuisines, du fitness, des blocs sanitaires, des coffee-corners et des stations de lavage de véhicules.
• Mise en place d'un réseau d'eau grise alimenté par l'eau du lac (chasses d'eau et arrosage).
• Utilisation de l'eau du lac pour le rafraîchissement et le chauffage de tous les locaux par le biais d'échangeurs de chaleur d'une puissance
totale de 3 MW.
• Système de froid à compression en sécurité pour les locaux informatiques (600 kW).
• Gestion numérique des installations par un système MCR.
• Supervision de toutes les installations par le biais d'un BUS de communication et de postes informatiques.
• Traitement de 5'000 points de centrales techniques et sous-stations ainsi que de 13'500 points de zones.
Le bilan global de ces mesures permet deréduire de 70 % les émissions de CO2 par rapport aux solutions traditionnelles et d’éviter aussi la dissémination de ce gaz à raison de plus de 1'000 tonnes par année.
PROJET
Complexité technique conjuguée avec une architecture maîtrisée et intemporelle. Le nouveau bâtiment à lui seul comprend environ 160'000 m3 dont plus des deux tiers se situent sous le niveau du terrain naturel. Cette construction, dite "extension", permet de relier le bâtiment existant de l'av. de Cour à celui de l'av. Rhodanie, en se développant sur environ deux cent mètres pour rattraper une différence de hauteur de quelques 20 mètres.
Cet édifice est en fait constitué, dans sa partie émergente, de bâtiments-barres successifs, semi-enterrés, disposés parallèlement à la pente et connectés entre eux par une colonne vertébrale qui contient toutes les circulations et permet d'irriguer l'ensemble du complexe. Implantée en suivant la pente naturelle des lieux, l’extension comprend le parking de 700 places dans ses sous-sols, ainsi que des locaux techniques, un restaurant et des locaux informatiques. Dans les étages, on trouve principalement les bureaux administratifs modulables et des salles de conférences.
Voulu très lumineux en dépit de sa forte pénétration dans le sol, le bâtiment est conçu pour répondre aux attentes fonctionnelles des utilisateurs et pour assurer un rôle de prestige, représentatif de l'entreprise et de sa qualité. Ces caractéristiques sont mises en évidence par des lignes sobres qui expriment une architecture maîtrisée, des choix de matériaux limités dans leur diversité, mais propres à garantir la valeur, l'intemporalité et la pérennité de l'ouvrage. Ces thèmes s'expriment notamment par l'adoption en parement de façades, de pierre d'Evolène, juxtaposée d'une part avec deséléments horizontaux préfabriqués en pierre artificielle, et d'autre part avec des vitrages qui allègent le tout et apportent une belle transparence aux volumes. Reprenant ces lignes dans leurs principe mais non dans leur formalisation, les façades du bâtiment existant côté aval du site (Rhodanie), forment une enveloppe "double peau" en verre bleuté, disposée sur la façade à terrasses, originellement réalisée en béton vu.
L'ensemble de ce concept, ainsi que la nature même du projet et du site d'implantation, ont conduit à des systèmes de mise en oeuvre complexes qui méritent ici une attention particulière. Pour réaliser les parkings, une importante fouille a dû être exécutée à plus de 19 m de profondeur: l'emprise des sous-sols dépasse en effet celle des bâtiments hors sol de manière à occuper plus de 75% de la parcelle. Cette caractéristique a influencé de façon notable, non seulement le concept même de la construction, mais également l'ensemble des mesures d'organisation de chantier et de mise en oeuvre.
Sur le plan des mesures de confinement et confortation, notamment, la réalisation d’une fouille de grande dimension en limite de propriété et dans un environnement urbain, pose inévitablement la question du système d’étayage. Une solution de fouille entièrement ancrée étant porteuse d'inconvénients divers, jugés rédhibitoires en l'occurrence, les concepteurs ont retenu la proposition d’une paroi moulée sur trois côtés avec étayages horizontaux des angles.Cette option a, en particulier, permis la réalisation à ciel ouvert des ouvrages situés dans le sud de la parcelle, soit la construction de quatre tunnels (dont deux à l'usage des véhicules et marchandises, deux pour les personnes et une galerie technique). La paroi moulée a permis d’obtenir la grande rigidité d’écran recherchée et de rendre la fouille étanche, condition nécessaire, compte tenu de la configuration géotechnique locale qui se présente pour l'essentiel sous la forme d'une couche d’alluvions avec nappe phréatique (sable fluant, nappe artésienne).
Le système d’étayage a été optimisé afin d’utiliser les étais le plus efficacement possible, en choisissant des bi-poutre en profilé H reposant sur des chandelles ou des barrettes de paroi moulée.Le système d’appui des étais a été optimalisé afin de réduire le temps de pose et de dépose. En dépit de ces mesures, un déplacement de la paroi moulée a été constaté avant d'avoir atteint la moitié de la hauteur d'excavation. Cet incident d'importance a entraîné des mesures de consolidation pour bloquer le mouvement et un radier d'un mètre d'épaisseur, ancré, est exécuté à cet effet.
Des puits filtrants, forés depuis la plate-forme de forage ont permis d’essorer les veines de sable dans la moraine supérieure et d'éviter le fluage des alluvions. L’étayage définitif de l’enceinte est composé des dalles en béton de la structure, les rampes du parking n'étant pas situées en périphérie, un appui continu sur toutes les dalles est assuré. Le bâtiment de l’"extension" doit répondre à des contraintes sévères du point de vue de l'architecture et des techniques du bâtiment, ainsi qu'à des exigences élevées en termes de protection
contre les incendies.
Le système statique appliqué tient donc compte de ces données pratiquement dans tout le bâtiment, et il définit des dalles minces en béton armé, supportées par des colonnes en béton et en acier. De cette manière, l’espace libre sous dalle est optimisé pour les cheminements techniques. Pour les colonnes de façade, réalisées en profilés RHS, un noyau en acier permet de respecter les normes incendie, y compris pour des colonnes très élancées. Les profilés des dalles mixtes sont protégés par une peinture intumescente F30.
Vu le système de façade (éléments massifs), les colonnes de bord suivent la trame imposée par les façades. Dans ce cas, les porteurs en façade suivent une trame de 4.05 m (3 trames) totalement incompatible avec celle des parkings. Une solution avec des sommiers en métal, au niveau des patios, permet de résoudre élégamment les déviations des efforts, sans pour autant diminuer le gabarit de l’étage dans la zone de transition. Les colonnes intérieures s’intègrent par contre à la trame du parking qui ne nécessite pas de sommier.
Les portées dans les salles de conférences et auditoires, dans le Passage et le restaurant, et les conditions spécifiques dans les patios ne permettent pas de respecter les principes généraux du système statique et, seuls, ces éléments font l'objet d'un traitement non standard. Seul un joint de dilatation sépare les bâtiments neufs du bâtiment amont. Ce joint est interrompu au niveau de la fondation, tous les bâtiments étant liés à ce niveau. Les fondations des bâtiments-barres sont composées d’un dallage en béton armé et de semelles ponctuelles adaptées aux charges des piliers. Les colonnes de parking sont de grandes dimensions afin d’éviter des armatures de poinçonnement dans les dalles et de minimiser la dimension de la fondation. Pour le bâtiment supérieur, la fondation est composée d'un radier général avec renforts au droit des porteurs, afin d’éviter les tassements différentiels.