Maison Rochat

La Maison Rochat, au Brassus, est une construction historique qui apparaît déjà sur la carte Siegfried, autour de 1870. Sa forme et son implantation sont caractéristiques des maisons urbaines de la vallée de Joux. Ce territoire proche de la frontière a été inspiré par les constructions du rationalisme de Franche-Comté plutôt que par celles du Plateau vaudois. Les ressources locales, le climat et les savoir-faire ont été les moteurs de cette forme bâtie singulière.

Au cours du XXe siècle, plusieurs adjonctions ont été faites, modifiant clairement la forme et le rythme de l’ensemble de la façade. Le but de la rénovation a été de retrouver une expression d’origine tant de la façade que des éléments et des aménagements intérieurs, tout en répondant aux standards énergétiques et au confort contemporain. En enlevant les éléments datant des années cinquante, le bâtiment a retrouvé le rythme des fenêtres d’origine. Le projet s’inscrit donc dans une volonté de transformer le bâtiment afin de le pérenniser.

PROGRAMME

Les besoins du Maître d’ouvrage étaient de créer des espaces de bureau pour plusieurs départements de son entreprise. La démarche de conception a été menée avec les futurs collaborateurs du lieu afin de produire, pour eux, un espace de qualité et en adéquation avec leurs besoins. Ce processus de co-design a été mené jusqu’à la fin du chantier et même pendant le temps de la construction, des éléments ont pu donc être modifiés et adaptés «sur site».

La typologie générale est conservée avec un rez-de-chaussée destiné à l’accueil (espace de pause et salle polyvalente) pour tous les collaborateurs. Le premier étage est destiné aux activités plus privées. Le grenier a, lui aussi, été transformé en espace de travail.

PROJET/CONCEPT

En raison d’une hauteur sous plafond inférieure aux minima contemporains, la décision a été prise de composer avec des éléments simples et différenciés pour obtenir un sentiment de volume. Dans ce but, une trémie a été percée entre les deux étages de bureaux pour «ouvrir l’espace» et donner une impression de hauteur au pied de l’escalier.

Une attention particulière a été portée à la création d’une relation forte, et jusque-là inexistante, entre les étages supérieurs du bâtiment. Cette trémie fait donc dialoguer les différents espaces du bâtiment et offre un point de vue sur la charpente d’origine conservée et rehaussée.

Afin de profiter au maximum de l’ensoleillement et minimiser l’utilisation des lumières électriques, des ouvertures de toiture ont été créées de façon à optimiser la pénétration de lumière naturelle. Plusieurs simulations informatiques ont permis de trouver le meilleur compromis entre nombre d’éclairages et quantité de lumière.

RÉALISATION

La structure porteuse a été totalement conservée. Les seuls travaux sur l’enveloppe ont été l’isolation du bâtiment, le remplacement de tous les vitrages extérieurs et l’étanchéité de la toiture. A l’intérieur, les matériaux ont été choisis simples et différenciés dans l’idée d’élargir l’espace. Dans les bureaux des deux niveaux supérieurs, le sol en moquette ainsi que le choix d’utiliser au plafond des panneaux à lamelles blanchies rendent les espaces unifiés et agréables pour le travail. La couleur blanche des murs participe également à ce but et crée un contraste avec des éléments noirs appliqués à certains endroits. De plus, pour améliorer le confort thermique intérieur, les murs extérieurs en maçonnerie sont doublés de plâtre pour couper la sensation de froid.

Autour des fenêtres de toiture, le cadre à embrasure large est peint de manière brillante pour l’éclairement optimal et les tablettes de fenêtre en hêtre apportent une teinte chaude à la lumière qui traverse les fenêtres. En vue de la nature du projet, les équipements techniques sont réduits à leur nécessité. Grâce au nombre de fenêtres, à l’effet de cheminée permis par la trémie et les fenêtres de toiture, il n’a pas été nécessaire d’installer de système de ventilation. De plus, la grande surface de toiture a été propice à l’installation de panneaux solaires. L’annexe, anciennement accolée au bâtiment principal, a fait l’objet d’un désamiantage lors de sa démolition.

A l’ouest de la Maison Rochat, une petite place publique a été créée qui permet une pause sur la route de France. C’est un lieu calme où l’on peut s’arrêter et observer le fond de la vallée et le lac. Du côté nord, en direction du fond de la vallée, deux stationnements ont été aménagés. Le marquage très discret permet d’utiliser cette place bituminée pour tous types d’événements. La végétation et le concept paysagé s’intègrent avec les bâtiments alentours. La création d’un cheminement entre ce bâtiment et notamment l’Hôtel des Horlogers scelle l’intégration de la rénovation dans les infrastructures avoisinantes.

LES POINTS FORTS DU PROJET

La recherche de mise en valeur de l’existant et la volonté de faire une transformation frugale ont été au cœur du concept architectural. L’objectif a été de donner à vivre l’expérience du patrimoine si singulier de la vallée de Joux et de ressentir l’âge de la construction et son histoire, tout en utilisant le moins de ressources possibles.

Le sablage de la charpente taillée à la hache, qui revitalise le bois, la conservation du plancher en le renforçant avec un système collé-cloué et la retouche minime des maçonneries toutes d’origine symbolisent un projet entre ajustement de l’existant et hommage au patrimoine.

Le confort lumineux a fait l’objet de plusieurs analyses. Premièrement, une recherche a été conduite afin de maximiser la quantité de lumière naturelle pour atteindre 300 Lux dans la majeure partie des espaces. Dans un deuxième temps, une analyse des effets de contre-jour, notamment liés au travail de bureau, a été menée. Enfin, une étude du risque de surchauffe liée aux apports zénithaux a été faite. Ces trois points ont trouvé des réponses architecturales et techniques douces.